Marseille : la bonne blague du moratoire sur la vidéosurveillance

Hier 1er avril, le collectif Technopolice de Marseille dénonçait lors d’une action de sensibilisation devant la mairie, la promesse mensongère de la majorité municipale sur le moratoire de la vidéosurveillance.

C’est une histoire tristement classique : des promesses électorales, des élections, puis un volte-face éhonté. Le mistral a des relents de poisson d’avril aujourd’hui à Marseille.

Le Printemps Marseillais déclarait au printemps dernier, dans son programme électoral, qu’il allait : « Mettre en œuvre un moratoire sur les dispositifs de vidéosurveillance. Quatre études nationales successives ont démontré leur inefficacité, et ils sont très coûteux (installation, fonctionnement, personnel mobilisé) ».

Quelques mois après, les élections emportées, de moratoire il n’en a plus jamais été question. La municipalité, qui déclare pourtant une ville endettée, ayant été longuement mal gérée, aux besoins criants en matière d’école publique et de logements délabrés, continue l’installation de nouvelles caméras dont elle dénonçait pourtant le coût. C’est ainsi qu’elle a voté un marché estimé entre 12 et 44 millions d’euros assurant la maintenance pour les 4 ans à venir des 1500 caméras actuelles et futures de la ville, mais aussi (pages 6 et 7) son « amélioration » et « l’installation ponctuelle et/ou temporaire de nouveaux points de captation  avec ses capteurs vidéos ou spécifiques ».

La surenchère sécuritaire continue : aujourd’hui lors du conseil municipal du 2 avril, sera voté le budget 2021 de la ville. On a entendu dire qu’il contiendrait une enveloppe supplémentaire de 800 000 euros pour l’extension du dispositif de vidéosurveillance. La transparence et le dialogue avec ses citoyens n’étant toujours pas de mise, nous allons encore une fois scruter, fouiller et enquêter pour vérifier et avoir des informations supplémentaires là dessus. La dessus aussi, le Printemps Marseillais nous faisait rêver dans son programme, quelques mois avant : « Nous voulons organiser les Assises annuelles des Sécurités pour Marseille. Chaque année, ces Assises permettront de co-construire, suivre et évaluer la stratégie et les politiques publiques municipales de la sécurité, de la tranquillité publique et du vivre ensemble ».

En ce 1er avril devant la mairie, sur la banderole déployée du collectif citoyen marseillais on peut lire « Le moratoire sur la vidéosurveillance, oh la bonne blague ». Sur des poissons en papier accrochés aux arbustes décoratifs on lit, de branche en branche « Écoles délabrées, caméras déployées », « Marseille ruinée, mais pas pour surveiller », «Immeubles effondrés, caméras bien érigées », « Un bon Marseillais est un Marseillais surveillé ».

bandeau-denonciation-moratoire-mensonger

poissons d'avril accrochés aux arbres

En décembre dernier, à La Quadrature du Net nous déposions un nouveau recours devant le Tribunal Administratif de Marseille contre la vidéosurveillance automatisée de la ville. La ville, par l’intermédiaire des médias, déclarait aussitôt suspendre ce marché. Nous apprenions il y a quelques jours que la ville viens d’embaucher un cabinet d’avocats parisiens pour se défendre, ce qui jette un doute sérieux sur cette suspension déclarée.

On peut lire derrière les petits poissons distribués aux passants « Le collectif Technopolice marseillais, souhaitait aujourd’hui rappeler à la nouvelle majorité ses engagements de campagne quant à la vidéosurveillance. Les Marseillaises et les Marseillais vous attendent sur d’autres thématiques : logement, école, infrastructures sportives et culturelles. Ne vous laissez pas imposer la logique de la surveillance, par une droite en quête de visibilité avant les élections régionales ».