Suite de la campagne européenne contre la surveillance biométrique de masse

Le collectif « Reclaim your Face », a lancé sa campagne contre la surveillance biométrique et notamment la reconnaissance faciale. « Reclaim Your Face » est composé de plus de quarante associations de défense des libertés et menée par l’organisation européenne EDRi. Cette campagne prend la forme d’une « initiative citoyenne européenne » : il s’agit d’une pétition institutionnelle visant à recueillir 1 million de signatures au sein de plusieurs pays de l’Union européenne pour demander à la Commission d’interdire les pratiques de surveillance biométrique de masse.
Nous publions un de leur post et une vidéo:

Ce qui se passe en Europe : la surveillance biométrique de masse est déjà parmi nous

Vous entendez souvent : « La reconnaissance faciale sur la population entière ? Ça n’existe qu’en Chine. Dans l’Union Européenne, on est en démocratie. Cela ne nous arrivera jamais ».

Malheureusement, c’est déjà en train d’arriver. Vous pouvez lire en-dessous des résumés des preuves que nous avons réuni, documentant le déploiement rapide des surveillances biométriques de masse dans les pays de l’UE.

La (seule) bonne chose ? Nous pouvons encore l’arrêter.

Ces dernières années, les gouvernements et entreprises privées nous ont imposé des technologies de surveillance qui collectent et traitent des données personnelles, uniques à chacun de nos corps et comportements.

Bien que les responsables de l’UE prétendent que les lois actuelles empêcheraient de tels dispositifs, il est clair que de nombreuses failles persistent. Ces failles rendent possibles le déploiement de technologies de surveillance biométrique de masse qui violent nos droits humains. Les exemples parlent d’eux-mêmes :

En Allemagne, la police a expérimenté la surveillance biométrique sur les personnes qui voyageaient via la station Südkreuz à Berlin, et a surveillée les militant.es du G20 à Hambourg. De plus, il a été prouvé que la tristement célèbre société de reconnaissance faciale ClearviewAI avait collecté et utilisé illégalement les visages de personnes vivant en Allemagne, à partir de données issues d’Internet.

En République Tchèque, la police a acheté un logiciel de reconnaissance faciale Cogniware, soi-disant capable de prédire les émotions et le genre et de relier chaque personne à ses informations financières, aux données de son téléphone, à la voiture qu’elle conduit, à son lieu et collègues de travail, aux personnes qu’elle rencontre, aux endroits qu’elle visite et à ce qu’elle achète. De plus, l’aéroport de la capitale de Prague effectue également une surveillance biométrique approfondie de toutes les personnes, sans évaluer les risques, comme la loi l’oblige pourtant.

En Italie, nous avons été vraiment attristés d’apprendre que la police de la ville de Côme avaient secrètement installé une surveillance biométrique de masse, telle que la reconnaissance faciale en direct, dans le but de… détecter les « vagabondages » et les « intrusions ». L’aéroport de Rome a décidé d’utiliser la reconnaissance faciale pour la gestion des files d’attente. Et ce n’est pas tout : la police italienne prévoit d’étendre son système de reconnaissance faciale pour surveiller l’arrivée des migrant.es et des demandeurs d’asile sur les côtes italiennes, tout comme elle a déclaré par le passé qu’elle était prête à utiliser la reconnaissance faciale pour surveiller les manifestant.es. Non c’è modo, assolutamente no !

La Grèce partage avec l’Italie non seulement la même Méditerranée, mais aussi le même amour des autorités nationales pour la reconnaissance faciale de masse. La dystopique expérience iBorderCTRL, un soi-disant « détecteur de mensonges » qui prétend distinguer le mensonge de la vérité sur la base des expressions faciales d’une personne. De plus, la police grecque a été prise la main dans le sac avec un contrat de reconnaissance faciale « intelligente » de 4 millions d’euros révélé en 2020. Aujourd’hui, l’autorité grecque de protection des données a ouvert une enquête sur la police grecque pour le stockage et le traitement illégal des données biométriques des Grecs dans de massives bases de données centralisées.

Aux Pays-Bas, des entreprises ont mis en place une surveillance biométrique de masse, comme la reconnaissance faciale en direct, dans des salles de sport et de divertissement, dans des magasins ou des supermarchés et dans les transports publics. Ces entreprises ont été si agressives dans l’introduction de ces méthodes de surveillance que l’autorité néerlandaise de protection des données a dû leur rappeler que cette pratique était illégale. 1,3 million de personnes ont été incluses dans le système de reconnaissance faciale de la police néerlandaise, dont beaucoup sont innocentes et n’ont jamais été accusées d’un crime.

Mais oui, la France n’est pas étrangère à la surveillance biométrique de masse. Un lycée de Marseille a tenté de déployer la reconnaissance faciale de masse contre ses élèves. La ville française de Nice a également expérimenté la reconnaissance faciale dans ses rues. De plus, le gouvernement français a mis en place une énorme base de données de reconnaissance faciale (TAJ) contenant 19 millions de fichiers et 8 millions de photos.

Chocolat, bière et reconnaissance faciale massive. Nous parions que cela ne passera pas le test, mais cela pourrait bien être le prochain slogan de promotion de la Belgique. Il a été révélé que l’aéroport Zaventeem de Bruxelles espionne secrètement toute personne qui se promène (oui, pas uniquement pour les contrôles de passeport), en collectant et en traitant notre visage comme une donnée identifiable de manière unique.

Danemark, vi er ikke enig. Nej. Le gouvernement a réussi à exploiter les angles morts de la législation européenne et a autorisé la surveillance biométrique de masse des supporters de football. La prochaine étape ? L’idée s’est vendue som varmt brød. Le club de football Brøndby a annoncé que, sous peu, le visage de chacun et chacune serait scanné afin d’identifier les personnes interdites d’assister aux matchs de football de Brøndby IF. L’autorité danoise de protection des données s’est prononcée contre la reconnaissance faciale automatisée mais… eh bien, elle a été ignorée.

En Slovénie, la police a été observée en train d’utiliser la surveillance biométrique de masse. Cette dernière a également été déployée pour surveiller les manifestant.es qui exerçaient leurs droits.

La Suède est également sur la carte des preuves. La police suédoise a été condamnée à une amende pour avoir utilisé illégalement Clearview AI (oui, encore eux). En outre, une école suédoise a également déployé la reconnaissance faciale de masse pour contrôler l’assiduité scolaire.

En Pologne et en Serbie, nous avons vu d’autres cas. Une école polonaise a utilisé les empreintes digitales biométriques pour gérer les repas scolaires, tandis qu’en Serbie, nous avons assisté à des déploiements massifs de caméras de reconnaissance faciale dans les rues de Belgrade.

Les exemples ci-dessus ne sont que quelques-uns de ceux dont nous avons connaissance. Pouvez-vous imaginer combien d’autres contrats et plans secrets sont en préparation ?

Il est amusant de constater que des fonctionnaires de l’UE nous ont dit qu’ils envisageaient des exceptions qui pourraient permettre le déploiement légal de la surveillance biométrique de masse. Alors que nous tirons la sonnette d’alarme sur les failles existantes dans la loi, les fonctionnaires préfèrent élargir ces failles et légaliser les défauts de la législation.

Nous demandons une loi qui résout le vide juridique de la législation européenne, actuellement exploité par les entreprises et les gouvernements pour imposer une surveillance biométrique de masse à chacun d’entre nous.

La quantité massive de preuves montre déjà pourquoi nous avons besoin d’une nouvelle loi interdisant la surveillance biométrique de masse dans toute l’UE.
Ajoutez votre nom à la pétition officielle ici :