Technologies


À Marseille ou à Nice, des industriels comme Thalès ou Engie avancent main dans la main avec les élu·es pour pousser leurs projets de « Safe City ». Véritables couteaux suisses sécuritaires, ils vont de la reconnaissance des émotions dans l’espace public urbain à l’interconnexion massive de bases de données à des fins de police prédictive, en passant par la surveillance des réseaux sociaux. Les technologies informatiques comme le Big Data et l’Intelligence Artificielle sont les clés de voûte de ces différents projets. Ce sont elles qui doivent permettre d’analyser toutes les données que l’on saura produire ou collecter, établir des corrélations, faire des recoupages statistiques, tracer des individus ou administrer des lieux.

Parmi les technologies les plus utilisées dans la Technopolice, se trouve ainsi la « vidéosurveillance intelligente », par exemple à Valenciennes avec l’aide de l’entreprise Huawei, ou encore à Toulouse avec l’entreprise IBM. Elle a pour objectif de détecter certaines situations et d’émettre des alertes en cas de mouvements de foule, d’objets abandonnés, de situations inhabituelles, de personnes se mettant subitement à courir…

Dans le même ordre d’idées, toujours dans le cadre de l’analyse d’images, la reconnaissance faciale est un des autres outils favoris de la Technopolice. Visant à identifier ou authentifier des personnes à l’aide de données biométriques. Cette technologie a déjà été expérimentée sur la voie publique à Nice, pendant le carnaval en 2018, et est également en projet dans deux lycées de la région Sud, l’un à Nice et l’autre à Marseille.

Ces nouvelles capacités d’analyse automatique des flux vidéos doivent être rapprochées avec le développement des moyens de captation d’images et de leur transmission en temps réel à des centres de supervision urbains. Les caméras ne sont plus seulement fixes mais maintenant mobiles : en caméra-piétons mais aussi bientôt par drones, comme c’est déjà le cas à Istres.

D’autres technologies se mettent à pulluler sur notre territoire, comme les dispositifs de détection de bruits suspects et non plus seulement de l’image, à l’aide de microphones et d’intelligence artificielle qui se déclenchent à l’écoute d’un cri ou d’un bris de vitre, comme cela est envisagé à Saint-Etienne. Ou le développement d’applications dites « citoyennes » permettant aux personnes de notifier à leur administration non seulement des dépôts d’ordures devant chez eux, mais aussi tout « incident » sur la voie publique ou encore, comme ce fut le cas pour le projet Reporty à Nice, de signaler des « incivilités » directement à la police avec leur caméra (projet auquel la Cnil avait mis son veto).

Enfin, grâce aux outils d’analyse du « Big Data », certains acteurs cherchent à récupérer un maximum de données générées dans la ville (images de vidéosurveillance, données de la circulation, des hopitaux, de la police, des réseaux sociaux…), de les passer par le filtre d’une analyse algorithmique afin, comme cela a été annoncé à Marseille, pour l’ « Observatoire de la Tranquillité publique » « d’anticiper et donc d’empêcher le déroulement de faits problématiques pour la paix urbaine, que ce soit de la délinquance aux questions de propreté, de réglementation de la circulation et du stationnement, d’occupation temporaire du domaine public, etc. ».

L’ensemble de ces outils révèlent bien la nature de la « Safe City » telle qu’elle est fantasmée par ses promoteurs : une surveillance totale de l’espace public au travers de technologies de contrôle social, développés par des entreprises privées et avec la complaisance des élus locaux.

Plus d'infos sur :

Big Data, Capteurs sonores, Dénonciation citoyenne, Reconnaissance faciale et Vidéosurveillance Intelligente