Les capteurs sonores (ou plus simplement « micros» ou mouchards) détecteurs de son dits « anormaux » sont le fruit d’une nouvelle dynamique dans le déploiement de la technopolice. Après les caméras, l’ajout de logiciel à ces dernières pour analyser les images captées, les drones ou encore les haut-parleurs, il s’agit ici d’adjoindre un nouveau capteur, sonore donc, à la surveillance.
Les capteurs sonores ouvrent un nouveau marché au sein du juteux marché de la surveillance numérique urbaine. C’est souvent l’ajout d’un micro, aux caméras de vidéosurveillance, afin de les rendre plus « intelligentes » : c’est-à-dire soit pour faire remonter des alertes directement au CSU (centre de supervision urbain), soit pour orienter les caméras vers le bruit suspect.
Les entreprises positionnées sur ce marché de la surveillance auditive s’enorgueillissent de ne pas enregistrer les conversations mais d’être à l’écoute du « paysage sonore », avec des bruits-alertes pré-enregistrés au sein d’une base de données. « Le détecteur sonore détecte un bruit anormal, par exemple une détonation, un bris de vitrine ou un cri dans la nuit » [1]
Les produits de l’entreprise Sensivic (voir notre fiche) sont déjà déployés dans plusieurs municipalités du Sud-Est ainsi qu’à Orléans, ville où siège la start-up.
Les mises en échec : déjà en 2019, la métropole stéphanoise avait tenté de déployer un dispositif similaire, appelé cyniquement SOFT, pour Système d’Observation des Fréquences du Territoires, par l’entreprise Sérinicity, une filiale de Verney-Carron, fabriquant de LBD et ami du maire de Saint Étienne, Gaël Perdriau. Pour lire notre article, c’est ici
Des collectifs se sont créés à Saint Étienne pour lutter contre ce projet de micros détecteur de bruits préenregistrés et reliés à une nuée de drones et ont organisé conférences, ateliers et des déambulations sonores pour lutter contre l’écoute urbaine.
La CNIL s’est ensuite intéressée au sujet et a averti Saint Étienne de l’illégalité de ce dispositif., considérant qu’il s’agissait d’un « traitement illicite de données à caractère personnel ». Le projet a été mis aux cartons
Les déploiements actuels : à Orléans ainsi que dans plusieurs communes de la région PACA (voir la liste complète ici).
Également à Marseille des détecteurs d’ambiance dans les bus et métros, pour alerter si une ambiance sonore anormale est détectée. Ou encore à Rouen avec des détecteurs d’incivilité dans les bus de la métropole.
Pour nous aider à lutter contre le développement incontrôlé de cette technologie : venez en parler sur le forum de Technopolice ou aider à développer les analyses déjà commencées sur l’espace de travail du carré.