Les techniques de reconnaissance faciale provoquent soit un optimiste béat — « on va identifier les délinquants avant qu’ils agissent » — soit un pessimisme angoissé nourri par les images hollywoodiennes d’une surveillance totalitaire.
De quoi parle-t-on ? De logiciels capables d’identifier des visages dans des images (photo ou vidéo) et de les comparer à des visages de personnes recherchées, enfant perdu ou dangereux criminel.
Ces techniques fonctionnent mal : on ne sait pas identifier des automobilistes dans leur véhicule, les personnes de couleur sont mal identifiées et surexposées aux erreurs policières, etc.
Dans le même temps, les enjeux économiques sont très importants. D’un part, l’introduction de la reconnaissance faciale à l’entrée des bâtiments publics s’incrit dans une logique générale d’austérité budgétaire, et veut remplacer des emplois salariés. D’autre part, l’argent public est largement dépensé chez des « partenaires » privés qui se frottent les mains devant la perspective mirobolante d’équiper en « solutions » de reconnaissance faciale la totalité des communes et des lieux publics : fabuleux marché !
Une surveillance générale et permanente, confiée à des algorithmes défaillants et biaisés : le tableau n’est pas brillant. Les seuls bénéfices réels et incontestables de la reconnaissance faciale semblent financiers. Pire encore, la reconnaissance faciale s’installe d’ores et déjà, progressivement, dans nos rues et nos centres commerciaux, sans que notre consentement soit jamais demandé. Et le visage, miroir de l’intimité de chacun, est capté par les caméras de la police publique ou privée pour devenir un indice, un dénonciateur, un indic.
Les personnes les mieux averties des applications concrètes de la reconnaissance faciale sont tellement inquiètes qu’elles demandent un encadrement juridique de cette technique. Mais la régulation souhaitée par les acteurs de la reconnaissance faciale cache mal leur crainte de faire face à une interdiction pure et simple, déjà effective dans certaines grandes villes.
Demandons l’interdiction de la reconnaissance faciale.
Pour nous aider à lutter contre le développement incontrôlé de cette technologie : venez en parler sur le forum de Technopolice ou aider à développer les analyses déjà commencées sur l’espace de travail du carré.
Pour en savoir plus : retrouvez l’article de La Quadrature du Net sur la reconnaissance faciale ainsi que les deux recours formés contre des dispositifs utilisant cette technologique : le premier contre l’expérimentation de reconnaissance faciale dans deux lycées de la région, le second contre l’application Alicem développée par le gouvernement.