IDemia

Description

Historique

Idemia est une entreprise française qui se présente comme le « leader de l’identité augmentée ». Elle est née en 2017 de la fusion de Morpho (Safran), considéré comme chef de file mondial d’identification biométrique et d’Oberthur Technologies, spécialisé dans la fabrication de carte à puce et de documents d’identité.

Idemia se veut leader d’identification biométrique ainsi que des paiements sécurités. Aujourd’hui, la société possède des références dans l’identification criminelle (avec le FBI, Interpol, NYPD) mais aussi dans la gestion d’identité (Idemia participe au projet Aadhaar en Inde qui vise à fournir à tous les habitants un identifiant à 12 chiffres après la prise de leur données biométriques (empreinte, photo et iris). [1]

PARAFE

Elle est également présente dans le contrôle des frontières : en France, aux aéroports de Paris, Marseille, Lyon,Nice, Eurotunnel et Gard du Nord : c’est Idemia qui met en œuvre le programme PARAFE (Passage automatisé rapide aux frontières extérieures avec l’entreprise Gemalto (Thalès)). Ce programme prévoyait d’utiliser le passeport biométrique d’une personne et le comparer à son empreinte digitale. Dorénavant, il fonctionne par reconnaissance faciale de l’individu, en utilisant la photo stockée sur la puce du passeport biométrique. [2]
L’entreprise est également à l’œuvre dans le projet MONA de reconnaissance faciale à l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry et vient de recommencer ses expérimentation à Paris-Orly. Cette fois, il ne s’agit pas de passage aux frontières mais bien de voyages intra-schengen, où les données biométriques sont utilisées pour fluidifier le transit. [3]

Equipement de la police

Sur le site internet d’Idemia, il est indiqué qu’elle propose des outils de reconnaissance faciale (Face Expert), d’analyse vidéo (Augmented Vision) et de reconnaissance d’empreinte digitale, de paume et de visage (MBIS) en Amérique du Nord. L’entreprise est très implantée aux Etats-Unis, où elle réalise 33% de son chiffre d’affaire, notamment en équipant la police et en émettant les permis de conduire.[4]

Radars

Idemia fournit également des radars, plus petit et performant, notamment pour le milieu urbain. En France, plus de la moitié des radars automatiques viendraient de l’entreprise [5].

Les stades

La société propose d’équiper l’entrée des stades de dispositifs d’identification biométrique pour fluidifier et sécuriser les entrée. Mais aussi à l’intérieur, afin de “faciliter” la consommation. Les supporters téléchargent une application, sur laquelle ils enregistrent leurs données biométriques (empreinte, iris, portrait). Pierre Barrial, directeur général déléguée indique “qu’aucune donnée n’est stockée” et respecteraient les prérequis de la CNIL.
L’objectif de cette proposition d’identification biométrique au sein des stades est de préparer les offres marchés publics qui arriveront avec les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris en 2024. [6] Idemia est en partenariat avec l’ANR (agence nationale de la recherche), dans le cadre de l’appel à projet Flash. Elle développe le dispositif GIRAFE qui consiste à faire de la gestion de foule et à repérer les comportements anormaux au sein de celle-ci, dans le cadre des JO 2024.

CCAF – déploiement national des dispositifs biométriques aux frontières

En janvier 2021, l’entreprise a décroché un contrat avec le Ministère de l’Intérieur : CCAF pour contrôle centralisé aux frontières. Le déploiement du CCAF est prévu dans le courant de l’année 2021. Il consiste en un renforcement du contrôle aux frontières, notamment par l’utilisation de données biométriques. Il s’inscrit dans la lignée d’une directive de l’Union Européenne (Entry Exit System) qui prévoit de la reconnaissance faciale aux frontières de l’espace Schengen d’ici à 2022. Et ce “pour lutter contre les effets d’overstaying” c’est-à-dire de dépassement des séjours autorisés”. L’équivalent français, le CCAF sera donc déployé par Idémia, avec la société Sopra Steria, qui repose ” sur la reconnaissance biométrique, le système permettra alors de minimiser les temps de contrôles lors du passage aux frontières pour les voyageurs, sans augmenter le nombre de garde-frontières dévolus aux opérations de contrôle aux frontières.” [7] Après les expérimentations, les contrats.

Actualités

Le directeur adjoint à la DGSE (ancien gendarme et sous-préfet) Laurent Pellegrin a été nommé (juin 2020) vice-président France de la division identité d’Idémia. Spécialisée dans la biométrie et reconnaissance faciale. Le Canard Enchaîné du 17/06/20. A noter que la société Idémia est dans la course, avec Thalès et Gemalto, pour tenter d’obtenir le marché public de l’identité numérique.

Rapport/Enquête d’Amnesty International, septembre 2020 :
IDEMIA épinglée pour avoir vendu des équipements de reconnaissance faciale à la Chine et participer ainsi à la surveillance de masse de la population chinoise et de collaborer ainsi avec des services qui bafouent les droits de l’Homme.
“Amnesty International a découvert que trois entreprises installées en France, aux Pays-Bas et en Suède ont vendu des systèmes de surveillance numérique, tels que des outils de reconnaissance faciale et des caméras réseau, à des acteurs stratégiques du dispositif chinois de surveillance de masse. […].
Morpho, qui fait aujourd’hui partie de la multinationale française Idemia, a décroché en 2015 un contrat portant sur la vente d’équipements de reconnaissance faciale directement au Bureau de la sécurité publique de Shanghai. L’entreprise est spécialisée dans les systèmes de sécurité et d’identité, dont les outils de reconnaissance faciale et d’autres produits d’identification biométrique. Amnesty International demande l’interdiction de l’utilisation, du développement, de la production, de la vente et de l’exportation des technologies de reconnaissance faciale à des fins d’identification tant par les organismes d’État que par les acteurs du secteur privé.”[8]. IDEMIA fait partie des 3 entreprises dénoncées par Amnesty, avec Axis Communications (Suède) et Noldus Information Technology (Pays-Bas). Voir le rapport [9]

Sources :