Eurotunnel

Description

Eurotunnel (devenu Getlink en 2017) est la compagnie privée européenne concessionnaire de l’infrastructure du tunnel sous la Manche jusqu’en 2086 (ce qui comprend le ferroviaire et le ferry).

La compagnie possède 650 hectares de terrain sur la commune de Coquelles, et met les grands moyens pour interdire l’accès à ses installations par les personnes étrangères. En 2016, on dénombrait 500 caméras, 300 vigiles, et 20 millions d’euros par an alloués à la sécurité.
En juin 2016, deux drones militaires ont été ajoutés au dispositif de surveillance, pour environ 800 000 euros (entre 300 000 et 500 000 euros par machine). Selon Jacques Gounon, PDG d’Eurotunnel : « Le drone nous permettra d’intervenir plus rapidement pour assurer la sécurité des migrants mais aussi celle du site.» Tout en soulignant que l’un des objectifs premiers de ces engins volants est d’identifier toute tentative d’intrusion, c’est pourquoi ces drones peuvent voler de nuit et possèdent une vision thermique. Ils sont fabriqués par le constructeur français ECA, « sur la base d’une plateforme développée pour la Défense ».

Il semblerait qu’Eurotunnel se soit peu préoccupé des autorisations administratives pour mettre ses nouvelles techno en fonctionnement : « la DGAC n’était même pas au courant que l’exploitation des drones avait débutée, le dossier déposé par Eurotunnel n’étant pas finalisé. Contacté à ce sujet, le groupe n’a pas donné suite.»

En 2017, Eurotunnel a inauguré un poste de sécurité : « Quatre opérateurs (contre deux auparavant) se trouveront désormais en permanence dans cette salle, en plus du coordinateur et du sous-officier de gendarmerie. Ils auront les yeux rivés sur un écran de 20 m² qui permet de surveiller « les 650 hectares du site et les 30 kilomètres de clôtures périmétriques haute sécurité via le retour vidéo des 570 caméras fixes et mobiles »».

En 2019, à l’approche du Brexit, Eurotunnel renforce son dispositif de surveillance par l’annonce de la mise en place de PARAFE depuis la gare du Nord et Saint-Pancras , un sas destiné à « fluidifier le contrôle des voyageurs » en automatisant l’analyse des passeports biométriques et la confirmation de l’identité via la reconnaissance faciale (entre une photo prise sur place et celle du passeport biométrique), et doit concerner d’abord les voyageurs en bus, puis tous les voyageurs.

Toute les initiatives prises par Eurotunnel pour empêcher les personnes de traverser la Manche sont à replacer dans une politique répressive et sécuritaire globale. Le gouvernement britanniques subventionne ainsi la PAF française (police aux frontières) pour empêcher « l’immigration clandestine ». Parmi ce don de 7 millions d’euros, 750 000 sont alloués à la Zone de défense Nord, pour surveiller le littoral en vue d’empêcher les tentatives de traversée de la Manche . Outre les « lunettes infrarouges, caméras piège, remorques éclairantes, éclairages mobiles haute puissance » et autres motocross, on trouve plusieurs drones de fabrication chinoise (DJI) « Des petits, équipés de caméras, haut-parleurs ou éclairage pour des missions de surveillance impliquant une grande discrétion. Et un beaucoup plus gros, moins discret, mais qui peut emporter soit une caméra dotée d’un zoom très puissant, soit une caméra thermique.» Ce sont les pilotes de la police nationale basée à Lesquin qui les piloteront. [3]

C’est donc bien un arsenal militaire qui est mis place, que ce soit par des entreprises privées ou bien par des collectivités pour empêcher les personnes exilées de traverser la Manche. Et non pas pour « assurer leur sécurité » comme affirme le PDG d’Eurotunnel.

Financement(s)

800 000 euros pour les deux drones achetés en 2016.
Inconnu pour les drones de 2019 et les PARAFE.

Sources

Cette fiche a été rédigée en partie grâce aux informations inscrite sur l’outil Carré de Technopolice, n’hésitez pas à la compléter et à la mettre à jour.