Datakalab

Description

L’entreprise s’est fait connaître pour avoir installé des caméras à détection de port de masques dans la ville de Cannes [1] d’abord dans trois marchés de la ville et ensuite dans les bus. Elle a été créée en 2016 par des ingénieurs (Xavier Fischer et son frère, Lucas), un publicitaire (Franck Tapiro), et deux chercheurs en IA. Ils définissent leur activité de « brain tech » comme « L’étude et l’analyse des data émotionnelles et comportementales, et la réalisation de mesures d’audience émotionnelle ». [2]

Analyse d’émotions

Leur outil Datakalab Content permet de faire de l’analyse d’émotion. Il mesure «le niveau d’attention et l’engagement émotionnel ». Leurs clients sont Médiamétrie, TF1 ou encore ExterionMedia. Interrogé par un média sur leur partenariat avec TF1, l’entreprise répond « Notre but, c’est de profiter du RGPD pour s’implanter sur le marché européen[…] Notre but, ce n’est pas de comprendre un individu, mais de faire de l’agrégation.[…] pour faire de la détection d’émotions, on a besoin d’un tracker de points : on aligne une centaine de points sur le visage des gens, on track une cinquantaine de muscles. Après, on peut soit partir en reconnaissance faciale pour voir si les points sont les mêmes ou aussi partir dans de l’analyse contextuelle : les émotions »[3].

Détection de port de masque et distances physiques

A Cannes : La mairie communique sur l’utilisation d’une telle technologie à travers un communiqué conjoint entre Datakalab et la la ville de Cannes [4]. L’entreprise axe sa communication sur le fait qu’elle est « totalement RGPD et 100% française ». Dans un premier temps, le dispositif a été installé sur trois marchés de la ville, permettant aux autorités publiques d’affirmer que « 74% des cannois portent un masque ». Ce dispositif « expérimental » a coûté 9000€ à la ville [5]

A partir du jeudi 30 avril, une technologie similaire a été installée dans les bus de la ville avec l’ajout d’une mesure de distanciation sociale avec l’envoi d’une alerte en cas de non-respect [6]. De plus, le dispositif dans les bus vise à effectuer un comptage des passagers et passagères. [7]

Aucune autorisation préfectorale n’a été faite, sous prétexte qu’il n’y a pas de conservation des données. La start-up ajoute que « l’expérimentation cannoise n’est qu’un début. « L’Ile-de-France et la région Sud ont également fait appel à nos services » [8].

A Paris : La RATP a annoncé qu’elle utilise le même système à la station Châtelet-les-Halles, depuis le 11 mai et pour 3 mois [9]. Désormais, 6 caméras et bientôt 12 dénombreront les personnes couvertes d’un masque en août. En parallèle le port du masque est obligatoire et l’absence de son port soumis à une amende de 135€ que sont habilités à émettre les agents de sécurité de la RATP. Cette dernière annonce que les « données personnelles collectées sont immédiatement rendues anonymes et ne feront l’objet d’aucun enregistrement » [10] et que ce dispositif ne « donnera pas lieu à des verbalisations ». Ce dispositif a été signalée à la CNIL, qui s’était déjà exprimée pour celui de la ville Cannes, et avait dit être satisfaite des mesures d’anonymisation prévues, qui « présentent des garanties en matière de protection de la vie privée des personnes » [11]

D’après le CEO de Datakalab Xavier Fischer, il y aurait un délai de 15min entre le moment où les données sont collectées et celui où elles sont envoyées aux autorités [12]. Ces caméras seraient bientôt capables de mesurer si la distanciation sociale entre les personnes est bien respectée [13]. L’entreprise affirme qu’il n’y a « pas besoin de caméra dédiée, le système peut se greffer sur tous les systèmes “allant de la webcam à la caméra par IP” [14]. La RATP a également énoncé que cette expérimentation se faisait au sein de son laboratoire d’intelligence artificielle (Lab’IA) qui a pour objectif « d’améliorer les conditions de transport et de sécurité » [15]

[ EDIT le 25/06/20 ]
La RATP a suspendu ses « expérimentations » sur le port de masque depuis le 12 juin. Dans son communiqué, la régie parisienne affirme que la suspension n’est que temporaire, comme demandée par la CNIL, le temps de trouver une façon de rendre possible le droit d’opposition à ce dispositif. En effet, à Châtelet-les-Halles, on ne pouvait refuser d’être analysé par le logiciel des caméras de vidéosurveillance. Et si à Cannes, le système prévoyait que les personnes qui ne souhaitaient pas donner leur consentement fassent « non » de la tête, la CNIL a également jugé que c’était une solution « impraticable ». [16]

Sources